Le bras canadien
Pendant qu’au Québec le gouvernement Charest se rapproche des positions environnementales du gouvernement Harper tout en faisant fi de la majorité québécoise voulant un moratoire sur les gaz de schiste, et que la ministre de la condition féminine s’affectionne des recruteurs militaires dans nos écoles québécoises, le Canada plonge dans une suite de défaites, qui ne seront pas sans impact sur l’avenir de son gouvernement.
Alors qu’aux Émirats Arabes le Canada se fait mettre à la porte de la seule base militaire de laquelle pouvaient partir ses troupes pour l’occupation de l’Afghanistan et le maintien du régime du dictateur Hamid Karzaï, à l’O.N.U., Ottawa essuie un cuisant revers sur son application au poste non-permanent du Conseil de Sécurité. Incapable de s’acquitter de sa responsabilité ministérielle en ce qui concerne les dossiers internationaux, et le reflet de celle-ci par le vote punitif de la communauté internationale, le ministre des Affaires étrangères Lawrence Cannon chemine le péché vers l’opposition. Il accuse celle-ci de diviser le Canada.
Mais ce n’est pas l’opposition qui se dégage de ses responsabilités envers l’enfant-soldat Omar Khadr, détenu dans une prison jugée illégale par la Cour Suprême des États-Unis d’Amérique, où il y est torturé, et dont la notion de droit n’existe pas pour les prisonniers. Steven Blaney affirmait pour sa part, qu’Omar Khadr avait commis un geste grave sur les ondes de Radio-Canada lors du «Match des Élus». Mais quand on s’y attarde, qu’y a-t-il de grave à lancer des grenades à ceux qui nous en lancent également, lors d’une guerre par exemple, et pour préciser, lors de la défense de «sa terre» des forces illégitimement invasives? Et n’est-ce pas l’un des premiers gestes, que de lancer une grenade efficacement, qu’on apprend en cours d’instruction dans les Forces Armées Canadiennes, ou à tout de moins, dans le métier d’infanterie? Encore faut-il que l’histoire racontée par les soldats envahisseurs de l’Afghanistan soit vraie…, ce qui ne semble pas être le cas. Mais qu’importe si elle est vraie ou non, avec une logique pareille, il n’y aurait plus de place dans les prisons! Quel geste de guerre, dans une guerre, n’est pas un geste grave, dites-moi? Dire qu’Ottawa vient de se payer des machines à tuer des civils, sans pilote…, ça promet.
Refusant donc d’en venir à l’évidence de son incompétence à se faire impartial dans plusieurs dossiers, le ministre Lawrence Cannon reflète bien l’irresponsabilité de ce gouvernement, qui se complaît dans une hypocrite extension des politiques impérialistes états-uniennes. D’une part, il appuie tous crimes d’Israël, au nom de la défense, lorsqu’il s’agit pour la plupart du temps, d’attaques.
Au nom de la défense, Ottawa sous les conservateurs, laisse Israël user d’armes de Destruction Massive sur des civils. Au nom de la défense, Ottawa n’est aucunement gêné qu’Israël possède un arsenal nucléaire de plus de cent ogives alors pourtant, qu’Israël déboute les agents de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique hors de ses frontières, tout en refusant de signer le Traité de Non Prolifération nucléaire. Ottawa se réfugie pourtant derrière la «menace nucléaire» inexistante de l’Iran pour s’empresser de la bombarder de sanctions, et de justifier la prochaine guerre de l’impérialiste Yankee. Et pourtant, Téhéran a signé le TNP, puis ne refoule pas les agents de l’AIEA.
Sinon, les attaques, et de 2006 au Liban, et de 2008 à Gaza auront également démontré les vraies couleurs des conservateurs à Ottawa, se complaisant de crimes commis contre l’humanité, n’étant plus très loin de condamner celle-ci de se retrouver en travers du chemin des ADM d’Israël. Qui ne s’en rappelle pas? On dirait bien que certains s’en sont rappelés à l’ONU.
Outre les crimes et les atrocités que le Canada ait pou soutenir sous les conservateurs, il y a bien entendu le dossier de l’environnement, qui n’arrange rien dans le contexte. Alors que des pays sont au bord de se faire avaler par les océans, les conservateurs continuent de braver «Gaïa», comme s’il était normal que les nappes phréatiques des régions touchées par les sables bitumineux soient imbibées de produits chimique et de métaux lourds, et que les communautés autochtones les bouffent et les boivent, au gain de multiples versions cancéreuses.
Le Canada, qui signait jadis des ententes auprès des nations unies sur des engagements clairs et définis quant à l’environnement, passe désormais ses contrats auprès chez Lockheed Martin, plus conciliante, finalement, avec ses nouveaux principes.
Finalement, le Canada n’est-il pas que le bras canadien de l’Empire États-unien?
Mettre fin au capitalisme, pour mettre fin au corporatisme
Les libertariens, cette sauce historiquement désuète, épaissie par la crasse désormais destinée aux poutines, prétendent que l’État crée le corporatisme. Mais je vous démontrerai à travers ces lignes, que l’État n’est que l’outil que s’est donné cette concertation bourgeoise, mentionnée comme l’élite du système capitaliste, dite corporatiste par les libertariens.
L’État
D’abord, l’État, du terme connu, vient historiquement des XVe et XVIe siècles et désignait une forme d’organisation du politique qui s’est développée à partir de la Renaissance. Il n’est pas d’hier comme on dit. Il a été précédé par la Polis grecque, la res publica romaine, le Saint Empire romain germanique etc. (Source :Wikipédia)
L’État, c’est l’outil de lance et de relance économique et sociale, mais aussi l’outil de répression par excellence, contre l’opposition à la démocratie par exemple, et parfois, malheureusement, contre la démocratie elle-même. L’État représente une concertation populaire, autour d’une «forme de gouvernement». L’État naît donc d’abord du besoin des oligarques d’imposer populairement, ou «populistement» plutôt, leur diktat. L’État sert par conséquent, tant à épauler l’imposition d’un régime démocratique ou non, qu’à donner un semblant de démocratie aux masses populaires, soumises pourtant, aux oligarques qui trônent hiérarchiquement sur eux, si minoritaires soient-ils en comparaison à la majorité populaire, laborieuse celle-ci.
L’État prendra plus tard une forme propre et relative aux «droits». On parlera alors d’État de droits. Mais là encore, cette forme d’État, comme d’autres, ne fait que concilier exploitants et exploités, sous une docilité semblant commune, mais aux nets avantages bourgeois. La propriété privée devient l’emblème privilégiée par les capitalistes, qui possèdent alors les moyens de production, et les capitaux pour s’en approprier, et/ou d’avantage.
L’État de droits, certes, constitue une avancée quant aux droits des travailleurs vendant leur force de travail, mais il leur confère également l’obligation de respecter l’ordre établi par les capitalistes qui d’ores et déjà, mettent à profit les nouvelles règles en vigueur. Car qui dit «droit d’entreprendre», dit droit de tirer profit d’opportunités, tant malsaines que saines. Alors qui dit droit de «profiter d’opportunités», dit droit de «profiter du labeur d’autrui» entre autre, via cette potentialité que sont les moyens de production détenus par la bourgeoisie. Cela se coordonne via le besoins en général des prolétaires, et via leurs maladies en pratique, lorsque les réseaux de santé sont privatisés, s’il y a tel réseau.
L’État de droits sert donc, oui, la cause des travailleurs en ce qui concerne ses droits communs, comme le droit de vivre et d’être respecté en tant qu’être humain, mais il consent également à permettre aux bourgeois le droit d’exploiter le labeur d’autrui et se faisant, la concentration de richesse au sein de cette classe devient inévitable. Cet État de droits néglige donc les intérêts d’une classe, pour en avantager une autre. Toutes ententes en perspective, demeure favorable à l’une des deux parties. Et les privilèges des uns, mieux conditionnés par leurs conditions, n’est en rien un argumentaire scientifique pour justifier l’oppression des «autres» et cela, encore moins lorsque les autres sont majoritaires, en comparaison aux «uns».
L’État n’est donc pas l’outil qui mène au corporatisme, mais plutôt, le corporatisme est l’évènement initial qui permet et qui pousse la bourgeoisie à se doter de l’État, sans lequel, elle ne peut imposer ses caprices et ses dogmes.
Car qui dit État, dit également répression, et oppression conséquemment. L’État fait respecter les droits qu’il impose, via le bras armé qu’il se donne, que l’on le nomme la «police» ou l’armée. Qu’importe, l’État demeure donc toujours policier, même s’il ne s’affiche pas.
Bref survol, certes, mais en ce qui concerne notre époque contemporaine, nous n’aurons pas besoin de survoler toutes les étapes de la progression de l’État pour donner notre verdict. Le constat final n’en sera point perturbé.
Le capitalisme 101 et le rapport de classes
Le capitalisme est un modèle économique, son nom le dit, carburant aux capitaux. Il met en valeur des dites lois immuables, consistant à donner des valeurs aux produits d’échange, selon leur offre globale, et leur demande globale. Un produit plus rare, grimpera par exemple en valeur, dû sa rareté, comme un autre, dense et facilement accessible aux couches les moins nantis, sera de moindre valeur. Une certaine logique s’applique, tant qu’on peut suivre les véritables statistiques de ces demandes et de ces offres. Autrement dit, on ne peut pas garantir la parfaite valeur d’un objet, via les outils que nous nous sommes donnés. L’inventaire d’une production par exemple, peut prendre des semaines à se concrétiser en chiffres observés et lorsque ces chiffres sortent, le constat réel n’est déjà plus le même.
La valeur des produits brièvement expliquée, le capitalisme va au-delà des simples constats de valeur. Il permet, entre autre, d’amasser des capitaux, prétextant en cela, des pouvoirs relatifs y convenant, excusés par ce modèle économique et ses lois. Qui possède des capitaux, possède la possibilité d’entreprendre, bonne idée ou non en soutien. Qui possède les capitaux, peut s’approprier des moyens de production, telle une usine par exemple, sans pour autant démontrer quelconque mérite. Via cette usine, le propriétaire de ces moyens de production peut salarier des travailleurs lui offrant forces de travail en échange. Et qu’en disent les capitalistes purs et durs, l’entente entre ces deux parties ne peut que constituer une entente sur les modalités d’une exploitation, s’il y a profit créé par l’entreprise. La valeur de l’objet aura beau n’être connue qu’en temps et lieu de vente, ou d’achat, celle-ci, la valeur, définira néanmoins le taux d’exploitation du prolétaire, vendant lui, sa force de travail aux propriétaires de ces moyens de production pour créer une certaine richesse relative
D‘autre part, le capitalisme est tellement bien adapté pour favoriser un semblant de partage qu’il s’est donné des loteries, et le droit de léguer des «mérites» et des «sacrifices», permettant ceux-là, dans le système capitaliste, de revendiquer le droit d’en profiter, quitte à ce que ce soit au détriment d’autrui. Cette soupape populaire imposée par l’État n’est pas inutile, elle permet entre autre à la bourgeoisie de profiter allègrement de son titre, sans que le prolétariat ne s’en offusque, car celui-ci espère en la loterie, un véritable repartage des richesses. En effet, la loterie maintient la dictature bourgeoise en place, et elle maintient et fait survivre le système capitaliste par conséquent. La loterie serait donc, selon les prolétaires on ne peut plus aliénés, garante de justice sociale.
Les classes et leurs intérêts
Outre ce simple rapport entre prolétaires et bourgeois, il y a la réalité de leurs intérêts propres à chacun, en tant que classes précisément distinctes.
La bourgeoisie détient les moyens de production, elle y trouve donc intérêt en la matière, en fonction de ce qu’elle peut en retirer économiquement. Par ses moyens de production, la définissant comme bourgeoise, la bourgeoisie se distinct inévitablement du prolétariat qu’elle embauche, devenant ce dernier, redevable à la bourgeoisie qui l’embauche, justement. Sans la bourgeoisie dans le modèle capitaliste, les capitaux sont insuffisants et les prolétaires ne peuvent entreprendre, quand même ils auraient de très, très bonnes idées. Il leur faudrait, par exemple, emprunter aux bourgeois la somme dont ils auraient besoin, et cela, aux modalités imposées par la bourgeoisie, qui ne pourrait qu’y voir une opportunité, là encore, de faire des profits.
Le prolétaire est communément le travailleur salarié. Il vend comme nous le disions, sa force de travail pour subvenir à ses besoins primaires et/ou secondaires. Il vend cette force aux seuls capables de s’offrir son labeur, donc aux bourgeois en possédant les moyens. Le rapport entre cette classe et la classe bourgeoise n’est donc pas innée en l’humanité, mais relatif aux conditionnements qui menèrent lors de la révolution bourgeoise, à la dictature mondiale de celle-ci –dictature qui s’installa sur plusieurs siècles…- et à l’installation impérialiste, d’États pour ce.
Ces deux classes n’ont donc pas le même intérêt dans leur système capitaliste respectif. L’un emploi l’autre et l’autre lui vend sa force de travail. Le prolétaire retire quelques miettes de la richesse qu’il crée de ses efforts, alors que le bourgeois lui fournissant ses moyens de production pour ce, en retire un véritable profit, profit qui sera nécessaire à la modernisation de ses moyens de production, mais dont il aura tout de même pleinement le contrôle. L’un travaille donc pour que l’autre amasse.
Cette contradiction s’exerce en fait dans toutes les sphères du système capitaliste. Qu’il s’agisse de l’accès aux matières premières qui serviraient des objets de pacotille, ou des voitures de luxe pompeuses d’essence, tous n’ont pas le même accès à celles-ci. Que l’on ne mentionne que restaurants merdiques où logent les pauvres, et ceux des riches, où les couverts dépassent la paie hebdomadaire moyenne des prolétaires, on y perçoit déjà une garantie d’injustice sociale. Ensuite, les vêtements, les articles ménagers ou les autres appareils qui pourraient légitimement faire l’envie des prolétaires, ne sont pas tous accessibles à ceux-ci, faute de moyens limités.
Mais c’est surtout lorsque l’on aborde la question de la santé ou de l’éducation que l’écart de richesse vient perturber le débat. C’est que, sans éducation, il est difficile de se sortir de la pauvreté et que, sans santé, il est difficile de vendre sa force de travail, une fois mal en point. Alors que de l’autre versant, le riche, lui, n’a que faire de ces factures de pacotille, qui ne viendront en rien modifier son budget. C’est pourquoi le riche n’espère pas autre chose que la privatisation de ces services, puisqu’il est apte à se les offrir. Et que le pauvre de son côté, désire le maintien de la soupape sociale que l’on s’est donné via l’État, c’est-à-dire l’universalité de l’accès à ces services.
D’autre part, on peut également observer l’arrivée d’une autre contradiction concernant la privatisation de la santé. Car certes, la privé en santé rend inévitable les deux vitesses, soit donc que les riches passeront avant les pauvres, parce qu’ils en auront les moyens. Mais il y a un débat tout autre, qu’est celui, précisément, de la capacité d’entreprendre, et de ce faire au détriment d’autrui. L’appropriation donc, des systèmes de santé, nécessite certainement une bonne contribution en capital, ce qui n’est pas d’augure pour tout le monde. Il y a donc une brèche dans la justice sociale, que l’État ne peut éviter que par son propre contrôle de l’universalité des soins, d’où cette révolution lors de la «Révolution Tranquille». Puisque de toute évidence, les moyens de soigner privatisés donneraient aux riches propriétaires de ces moyens, l’opportunité de s’enrichir sur les maladies d’autrui. Il faut noter là, que tous, tous les classes, n’y trouvent donc pas leur compte.
Les intérêts de classe se heurtent ainsi donc sans cesse. Ils forment les classes, telles qu’elles le sont. Chaque classe et ses intérêts, ne peut se concilier à l’autre classe et ses intérêts, parce qu’il y a contradiction. Parce qu’une classe sur l’autre, y trouve son compte. Parce qu’une classe en particulier, vit apparemment du labeur, des besoins et des maladies de l’autre classe, ce qui n’est rien de moins que de l’oppression , déguisée en conciliation de classes. Une conciliation qui ne sera jamais totale et qui ne pourra jamais l’être.
Les intérêts de classe engendrent le corporatisme
L’État n’est donc pas essentiel pour créer le corporatisme, les intérêts de classe suffisent à concerter les forces de chacune en un front commun. On y décèle par exemple, les syndicats, les outils d’aide aux travailleurs externes tels que les conseillers pour les accidentés du travail. On y trouve également des firmes d’études sans but lucratif comme l’IRIS, qui viennent appuyer demandes et réquisitions des salariés, en apportant celles-ci, des études scientifiques sur la relativité du coût de vie de chaque classe en notre société.
Du côté des employeurs, l’appareil n’est envieux de celui des prolétaires. Conseil du Patronat, pratiquement collé sur le gouvernement… Diverses firmes d’études, financées par la bourgeoisie, appuient leurs demandes et sont même retranscrites dans divers journaux populistes. Le capitalisme en soi, leur lègue des divins droits, tels ceux que nous avons cité plus haut, dont celui d’exploiter les besoins, le labeur et la maladie d’autrui, par simple fait de posséder les moyens de ce faire. Les journaux eux-mêmes, ont un penchant patronat, puisque ces premiers appartiennent ni plus, ni moins, au patronat! Même son de cloche dans les médias télévisés, puisque les plates-formes, mise à part notre société d’État Radio-Canada, sont tous privées, et appartiennent donc à la bourgeoisie. Il serait fort étonnant de voir ces médias s’en prendre à leurs propres intérêts!
Bref, même sans l’État, on peut déceler et y constater des intérêts forts différents d’une part et d’autre des classes qui forment notre société. Avec ou sans l’État, le corporatisme est néanmoins bel et bien présent dans nos sociétés capitalistes, et le seraient d’avantage encore, s’il n’y avait justement pas ces États, pour réguler et donner un semblant de justice sociale. Mais le système capitaliste ne nous donnera jamais justice, puisque même celle-ci s’achète avec des capitaux, que toutes et tous ne possèdent pas en même importance, nous l’avons vu.
Il n’y a donc qu’un seul ingrédient nécessaire pour créer le corporatisme et l’État n’en est pas un. L’État, lui, n’est qu’un outil, créé pour donner au peuple, l’imaginaire émancipation qu’il désirait. Mais rien n’est plus faux. Les intérêts de classe priment et l’État, pour une classe comme pour l’autre, vient parfois embûcher le chemin.
Par ailleurs, certaines soupapes sociales inscrites dans l’historique des États, sont indispensables au maintien du système prévalant. Autrement dit, s’il n’y avait pas eu d’universalisation des soins de santé, ceux-là seraient toujours inaccessibles aux moins nantis, et les cliniques privées profiteraient encore plus aux bourgeois, où déjà, la richesse se concentre étant donné les moyens de production concentrés également chez ceux-là. Qui ici, peut avancer que le prolétariat ne se serait pas rebellé sans cette soupape sociale? Les idiots utiles du capitalisme, qui d’autre!
Conclusion
En effet, même si nous devions nous débarrasser de l’État, servant surtout les intérêts bourgeois, les intérêts de classe ne cesseraient pas d’exister. Les classes non plus d’ailleurs. Et l’exploitation d’une classe par une autre de même. Il est donc absurde et totalitaire de prétendre que la cessation de l’État, cesserait également le corporatisme. La bourgeoisie trouverait ailleurs qu’en l’État, les bras armés pour faire respecter SA loi. La bourgeoisie serait sinon, redevable aux travailleurs, comme elle se doit d’être dans les faits. La bourgeoisie serait donc forcée d’employer des mercenaires pour faire respecter SA propriété privée, ou SON droit d’exploiter «son prochain». Comment peut-on croire en 2010, que l’abolition de l’État pourrait amener une meilleure justice, et comment peut-on nier surtout, que sans l’État, la bourgeoisie aurait quand même des intérêts communs de classe? Comment peut-on imaginer seulement, que le prolétariat exploité de tous côtés, consentirait à d’avantage de docilité et de servilité? Comment peut-on vraiment penser que le prolétariat acquiescerait sans broncher, aux divers et multiples caprices bourgeois, d’exploiter chacun de ses besoins et d’en vivre grassement?
La conclusion est fort simple. Le corporatisme existera toujours, tant qu’il existera des classes entrant en conflit, l’une avec l’autre. Et tant qu’il y aura des socialistes comme moi dans les parages, on pourra certainement relativiser ces contradictions, au fait qu’il existe des classes, des intérêts propres à chacune, et l’impossibilité pour le prolétariat de consentir, docilement et servilement, à sa propre exploitation. Avec ou sans État, ces deux classes ne pourront jamais se concilier. L’histoire nous l’a déjà prouvé.
Le Nobel de la guerre aux Messieurs du « Nobel de la paix » par Domenico Losurdo
Faisant fi des instructions laissées par Alfred Nobel, le jury Nobel ne récompense plus le courage au service de la paix, mais l’utilité médiatique au service de l’impérialisme. La liste des lauréats n’est plus qu’une énumération d’alibis pour des politiques coercitives et des guerres. Dernier en date, le prix Nobel de la paix 2010 a été remis à un « dissident » chinois pour justifier le containement de la Chine, observe le philosophe Domenico Losurdo.
Ces dernières semaines a eu lieu en Australie un vif débat. Dans un article publié par Quartely Essay et en partie anticipé par l’Australian, Hugh White a mis en garde contre d’inquiétants processus en cours : à l’ascension de la Chine, Washington répond par la traditionnelle politique de containment, en renforçant de façon menaçante son potentiel et ses alliances militaires ; Pékin, en retour, ne se laisse pas facilement intimider et « contenir » ; tout cela peut provoquer une polarisation en Asie d’alliances opposées et faire émerger « un risque réel et croissant de guerre de vastes proportions et même de guerre nucléaire ». L’auteur de cette mise en garde n’est pas un illustre inconnu : il a derrière lui une longue carrière d’analyste des problèmes de défense et de politique étrangère, et fait partie en quelque sorte de l’establishment intellectuel. Ce n’est pas un hasard si son intervention a provoqué un débat national, auquel a aussi participé le Premier ministre, Julia Gillard, qui a réaffirmé la nécessité du lien privilégié avec les USA. Mais les cercles jusqu’au-boutistes australiens sont allés bien plus loin : il faut s’engager à fond pour une Grande alliance des démocraties contre les despotes de Pékin. Pas de doute : l’idéologie de la guerre contre la Chine s’appuie sur une idéologie de longue date qui justifie et même célèbre les agressions militaires et les guerres de l’Occident au nom de la « démocratie » et des « droits de l’homme ». Et voici qu’à présent le « Prix Nobel de la paix » est conféré au « dissident » chinois Liu Xiaobo : un sens de l’opportunité parfait, d’autant plus parfait si l’on pense à la menace de guerre commerciale contre la Chine brandie cette fois de façon ouverte et solennelle par le Congrès états-unien.
La Chine, l’Iran et la Palestine
Parmi les premiers à se réjouir du choix des Messieurs d’Oslo s’est trouvée Shirin Ebadi, qui a immédiatement surenchéri : « Non seulement la Chine est un pays qui viole les droits de l’homme mais c’est aussi un pays qui appuie et soutient de nombreux autres régimes qui les violent, comme ceux qui sont au pouvoir au Soudan, en Birmanie, en Corée du Nord, en Iran… » ; en outre, c’est un pays qui est responsable de la « grande exploitation des ouvriers ». Donc, il faut boycotter « les produits chinois » et « limiter au maximum les échanges économiques et commerciaux avec la Chine » [1]. Et une fois de plus : la contribution à l’idéologie de la guerre conduite au nom de la « démocratie » et des « droits de l’homme » est claire, et la déclaration de guerre commerciale est ouverte. Mais alors, pourquoi Shirin Ebadi a-t-elle eu en 2003 le « Prix Nobel de la Paix » ? Le prix a été attribué à une femme qui a une vision manichéenne des relations internationales ; dans la liste des violations des droits de l’homme il n’y a pas de place pour Abou Ghraib et Guantanamo, pour les complexes carcéraux dans lesquels Israël enferme en masse les Palestiniens, pour les bombardements et les guerres déclenchées sur la base de prétextes faux et mensongers, pour l’uranium appauvri, pour les embargos à tendance génocidaire mis en acte en défiant l’écrasante majorité des membres de l’ONU et de la communauté internationale… Et pour ce qui concerne la « grande exploitation des ouvriers » en Chine, Shirin Ebadi parle sans nul doute à tort et à travers : dans le grand pays asiatique, des centaines de millions de femmes et d’hommes ont été soustraits à la faim à laquelle ils avaient été condamnés en tout premier lieu par l’agression impérialiste et par l’embargo proclamé par l’Occident ; et ces jours-ci on peut lire dans tous les organes de presse que les salaires des ouvriers sont en train de progresser à un rythme assez rapide. En tous cas, si l’embargo contre Cuba fait rage exclusivement contre les habitants de l’île, un éventuel embargo contre la Chine provoquerait une crise économique planétaire, avec des conséquences dévastatrices même pour les masses populaires occidentales, et bien le bonjour aux droits de l’homme (du moins aux droits économiques et sociaux). Il n’y a pas de doute : en 2003, celle qui a reçu le « Prix Nobel de la Paix » est une idéologue de la guerre, médiocre et provinciale. A-t-on voulu récompenser une activiste qui, si ce n’est sur le plan international, du moins sur le plan intérieur à l’Iran, entend défendre la cause des droits de l’homme ? Si cela avait été l’intention des Messieurs d’Oslo, ils auraient dû récompenser Mohammed Mossadegh qui, au début des années 1950 s’engagea à construire un Iran démocratique mais qui, ayant eu l’audace de nationaliser l’industrie pétrolière, fut renversé par un coup d’Etat organisé par la Grande-Bretagne et les USA, ces pays qui se dressent aujourd’hui en champions de la « démocratie » et des « droits de l’homme ». Ou bien les Messieurs d‘Oslo auraient-ils pu récompenser quelque courageux opposant de la féroce dictature du Shah, soutenu par les habituels, improbables champions de la cause de la « démocratie » et « des droits de l’homme ». Mais alors, pourquoi en 2003 le « Prix Nobel de la Paix » a-t-il été attribué à Shirin Ebadi ? A ce moment-là, tandis que l’interminable martyr du peuple palestinien subissait un nouveau tour de vis, la Croisade contre l’Iran se profilait clairement. Une reconnaissance attribuée à une militante palestinienne aurait été une contribution réelle à la cause de la détente et de la paix au Proche-Orient. Les militants palestiniens « non-violents » manquent-ils ? Il est difficile de qualifier de « non-violent » Obama, le leader d’un pays qui est engagé dans diverses guerres et qui dépense à lui seul en armements autant que tout le reste du monde pris dans son ensemble. En tous cas, les « non-violents » ne manquent pas en Palestine, et non-violents sont en tous cas les militants qui arrivent de tous pays en Palestine pour défendre ses habitants d’une violence déferlante, et qui, parfois, ont été balayés par des tanks ou par des bulldozers de l’armée d’occupation. Sauf que les Messieurs d’Oslo ont préféré récompenser une militante qui depuis lors n’a de cesse d’attiser le feu de la guerre en premier lieu contre l’Iran, mais maintenant contre la Chine aussi.
Après la consécration et la transfiguration de Liu Xiaobo, le président états-unien est tout de suite intervenu : et il a demandé la libération immédiate du « dissident ». Mais pourquoi, en attendant, ne pas libérer les détenus sans procès de Guantanamo ou au moins faire pression pour la libération des innombrables Palestiniens (parfois à peine adolescents) emprisonnés par Israël, comme le reconnaît même la presse occidentale, dans des complexes carcéraux terrifiants ?
Les Messieurs d’Oslo, les USA et la Chine
Avec Obama nous tombons sur un autre « Prix Nobel de la paix » aux caractéristiques assez singulières. Quand il l’a obtenu, l’an dernier, il avait déclaré qu’il avait l’intention de renforcer en Afghanistan la présence militaire des USA et de l’OTAN et de donner une impulsion aux opérations de guerre. Conforté aussi par la prestigieuse reconnaissance qu’il avait reçue à Oslo, il a été fidèle à sa parole : ils sont maintenant bien plus nombreux qu’à l’époque de Bush, ces escadrons de la mort qui du haut du ciel « éliminent » les « terroristes », les « terroristes » potentiels et les suspects de « terrorisme » ; et ces hélicoptères et avions sans pilotes qui font office d’escadrons de la mort font rage aussi au Pakistan (avec les nombreuses victimes « collatérales » qui s’en suivent) ; l’indignation populaire est si forte et répandue que même les gouvernants de Kaboul et d’Islamabad se sentent obligés de protester contre Washington. Mais Obama ne se laisse certes pas impressionner : il peut toujours exhiber son « Prix Nobel de la paix » ! Ces jours derniers, a filtré une nouvelle qui fait froid dans le dos : en Afghanistan, se trouvent des militaires états-uniens qui tuent par divertissement des civils innocents, en conservant ensuite quelque partie du corps des victimes comme souvenir de chasse. L’administration états-unienne s’est empressée de bloquer immédiatement la diffusion des détails ultérieurs et surtout des photos : choquée, l’opinion publique états-unienne et internationale aurait pu ensuite faire pression pour la fin de la guerre en Afghanistan ; pour pouvoir la continuer, cette guerre, et la rendre encore plus âpre, le « Prix Nobel de la paix » a préféré infliger aussi un coup à la liberté de la presse.
Mais on peut faire ici une considération de caractère général. Au 20ème siècle, ce sont les USA qui ont été le pays qui a vu couronner du « Prix Nobel de la paix » le plus grand nombre d’hommes d’Etat : Théodore Roosevelt (pour qui le seul « bon » Indien était celui qui était mort), Kissinger (le protagoniste du coup d’Etat au Chili et de la guerre au Vietnam), Carter (le promoteur du boycott des Jeux Olympiques de Moscou en 1980 et de l’interdiction d’exportation de blé à l’URSS, est intervenu en Afghanistan contre les freedom fighters musulmans), Obama (qui intervient maintenant, contre les freedom fighters, entre temps devenus terroristes, a recours à un monstrueux appareil de guerre). Voyons sur le versant opposé de quelle façon les Messieurs d’Oslo se positionnent à l’égard de la Chine. Ce pays, qui représente un quart de l’humanité, ne s’est engagé dans les trois dernières décennies dans aucune guerre et a promu un développement économique qui, en libérant de la misère et de la faim des centaines de millions de femmes et d’hommes, leur permis d’accéder en tous cas aux droits économiques et sociaux. Eh bien, les Messieurs d’Oslo n’ont daigné prendre en considération ce pays que pour attribuer trois prix à trois « dissidents » : en 1989 le « Prix Nobel de la paix » est décerné au XIVème Dalai Lama, qui avait quitté la Chine depuis déjà trois décennies ; en 2000 le Nobel de littérature est attribué à Gao Xingjan, un écrivain qui était désormais citoyen français ; en 2010, le « Prix Nobel de la paix » couronne un autre dissident qui, après avoir vécu aux Etats-Unis et avoir enseigné à Columbia University, retourne en Chine « en vitesse » [2] pour participer à la révolte (tout autre que pacifique) de la Place Tienanmen. De nos jours encore, il parle ainsi de son peuple : « Nous les Chinois, si brutaux » [3]. Ainsi, aux yeux des Messieurs d’Oslo, la cause de la paix est représentée par un pays (les USA) qui se croit souvent investi de la mission divine de guider le monde, qui a installé et continue à installer des bases militaires menaçantes dans tous les coins de la planète ; pour la Chine, (qui ne détient aucune base militaire à l’étranger), pour une civilisation millénaire qui, après le siècle d’humiliations et de misère imposé par l’impérialisme, est en train de revenir à son antique splendeur, ceux qui représentent la cause de la paix (et de la culture) sont seulement trois « dissidents » qui n’ont désormais plus grand-chose à voir avec le peuple chinois et qui voient dans l’Occident le phare exclusif qui illumine le monde. Nous voyons sans aucun doute ré-émerger ici dans la politique des Messieurs d’Oslo l’antique arrogance colonialiste et impérialiste.
Alors qu’en Australie résonnent des voix inquiètes des périls de guerre, à Oslo on redonne du lustre à une idéologie de la guerre de funeste mémoire : les guerres de l’opium ont été célébrées en son temps par J. S. Mill comme une contribution à la cause de la « liberté » de l’ « acquéreur » en plus de celle du vendeur (d’opium), et par Tocqueville comme une contribution à la cause de la lutte contre l’ « immobilisme » chinois. Les mots d’ordre agités aujourd’hui par la presse occidentale ne sont pas très différents ; presse qui ne se lasse pas de dénoncer le despotisme oriental immobile. Il faut en prendre acte : peut-être sont-ils aussi inspirés par de nobles intentions, mais avec leur comportement concret les Messieurs du « Prix Nobel de la paix » ne méritent à l’heure actuelle que le Nobel de la guerre.
Domenico Losurdo
Professeur d’histoire de la philosophie à l’université d’Urbin (Italie). Il dirige depuis 1988 la Internationale Gesellschaft Hegel-Marx für dialektisches Denken, et est membre fondateur de l’Associazione Marx XXIesimo secolo. Dernier ouvrage traduit en français : Nietzsche philosophe réactionnaire : Pour une biographie politique.
Source: http://www.voltairenet.org/article167219.html (Voltaire)
2003 | Shirine Ebadi | Pour faire monter la pression contre l’Iran |
2004 | Wangari Muta Maathai | Pour faire monter la pression contre le Kenya et les Etats africains qui se rapprochent de la Chine |
2005 | AIEA et Mohamed ElBaradei | Pour avoir neutralisé Hans Blix et avoir permis la guerre contre l’Irak |
2006 | Muhammad Yunus et la Grameen Bank | Pour avoir financiarisé la pauvreté en prêtant aux personnes non solvables à un taux double du marché |
2007 | GIEC et Al Gore | Pour avoir inventé le bogue de l’an 2000 et pour justifier la financiarisation de l’écologie et la Bourse des droits d’émission de CO2 |
2008 | Martti Ahtisaari | Pour avoir fait capoter les négociations avec la Serbie et avoir justifié la guerre du Kosovo |
2009 | Barack Obama | Pour avoir relooké les USA tout en continuant leurs guerres impériales |
2010 | Liu Xiaobo | Pour faire monter la pression contre la Chine |
leave a comment